« A corps perdus »

vendredi saint

"A corps perdus"

Ce vendredi c’est le jour de deux morts : celle de Judas et celle de Jésus.
C’est le jour de deux morts ou la fin de deux vies.
Celle de Jésus donnée à la multitude, celle de Judas perdue pour tous et pour
lui-même. Cependant Judas laissera une place à jamais vide au milieu des
disciples. A jamais il restera aussi celui qui n’a pas pu comprendre que la
puissance de Dieu donne toute sa mesure dans la faiblesse (1), celui qui a
trébuché sans se relever, celui auquel on redoute parfois de ressembler.
Judas comprend trop tard, il ne pourra plus se faire entendre, il se pend. Le
parfum versé par la femme ne fut pas un geste perdu. Le geste de Judas est un
geste perdu et pourtant pas oublié.
« C’est ton affaire » disent les grands prêtres et les anciens à Judas quand il
rapporte les 30 pièces d’argent. Ca devient leur affaire. Puisque Judas les jette
dans le sanctuaire. 30 pièces d’argent : c’était bien peu pour le prix d’une vie,
mais c’est bien assez pour des morts qui ne sont pas du pays. Au-delà de
l’impossible, Dieu peut encore faire quelque chose de nos erreurs, de nos
culpabilités, de nos hontes. Ici l’honneur perdu de Judas permet malgré lui de
donner la dignité d’un lieu d’inhumation à ceux qui n’en avaient pas. Judas ne le
saura pas. C’est la part qui échappe aux hommes mais pas à Dieu.
(1) 2 Corinthiens 12,9

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